Introduction

La dureté intérieure est une affliction qui touche la plupart des êtres humains à un moment ou un autre de leur vie et le fait d’avoir une sadhana, une pratique spirituelle quotidienne, ne met pas à l’abri de ce fléau qui ampute le coeur de sa capacité d’aimer. En effet, après un certain temps de pratique, le yogi peut parfois voir sa capacité à ressentir les émotions décroître au même rythme que son empathie envers autrui. Il  semble alors devenir froid et dur envers lui-même et avec les autres.

AsceticCause de l’état de rigidité intérieure

Le fait de devenir temporairement insensible indique qu’on traverse une couche qui a besoin de fondre, d’être dissoute. La pratique doit donc être adaptée en conséquence pour accompagner ce processus afin de rendre la zone du cœur plus douce et malléable. Plus on se rapproche de la dissolution d’un nœud, plus le mental et l’égo résistent à ce mécanisme naturel de purification et d’évacuation des toxines émotionnelles et mentales.

Pour l’égo, chaque nœud qui se dissout est vécu comme une défaite et représente une menace directe qui met en péril sa survie et la pérennité de son emprise sur la structure mentale. Chaque dissolution rapproche l’individu du Soi et le soustrait un peu plus à l’influence séparatrice de l’égo.

Les stratégies de fuite

RunningAwayLes stratégies mises en place pour échapper à ce mécanisme sont multiples et dépendent des inclinations de chacun. Généralement, l’individu ressent une agitation et un malaise internes croissants qui, arrivés à leur paroxysme, le poussent généralement à recouvrir l’état par le biais de stimulations sensorielles diverses telles que la nourriture, l’alcool, la drogue, le sexe, la télé, le sport, le travail…

Plus le malaise est intense, plus l’impulsion pour y échapper est forte et semble irrésistible. Lorsque nous suivons la voie de l’évitement, le malaise se dissipe temporairement et retourne se loger dans les profondeurs de notre être jusqu’à la prochaine tentative d’évacuation.

La sensation de malaise indique simplement qu’un nœud est prêt à être défait, qu’une épine est sur le point d’être retirée. Recouvrir le malaise par des stimulations sensorielles et mentales revient à différer son expression et son évacuation et a pour conséquence directe d’étouffer le coeur.

Plus le mental prend l’habitude de fuir la douleur et les sensations de malaise, plus il devient difficile de trouver la paix à l’intérieur, qui précisément dépend de notre capacité à rester connecté à ce que nous ressentons dans l’instant.

Attraction et répulsion

happy-unhappyLa tendance naturelle du mental est de rechercher les sensations agréables et d’échapper à celles qui procurent de la souffrance. Ce phénomène d’attraction au plaisir et de répulsion à la douleur, connu sous le nom de Raga et Dvesha en Yoga, représente une des causes majeures de la souffrance et de l’aliénation pour tout être humain incarné.

La poursuite frénétique du plaisir s’accompagne généralement d’une perte de discernement, du renforcement de l’attachement à l’objet convoité et d’une instabilité intérieure proportionnelle à la force du désir.

De même, l’aversion vis-à-vis de ce qui provoque la douleur génère une perte momentanée de la capacité à raisonner, et renforce la partie de nous qui ressent la peur, créant une grande instabilité émotionnelle et mentale.

Ainsi, les deux attitudes éloignent l’individu de ce qu’il est vraiment et empêchent de dissoudre les nœuds internes lorsqu’ils se manifestent.

Accueillir l’état

open-arms-sunsetUne attitude saine consiste à accueillir la sensation de malaise sans y réagir. Il s’agit de laisser la sensation s’exprimer pleinement en lui donnant de l’espace et de la liberté. La plupart du temps, la tension interne se dissout naturellement lorsque nous nous autorisons à la ressentir et à la vivre sans la réprimer.

Les larmes sont le mécanisme physiologique naturel que le corps utilise pour dissoudre les nombreux nœuds et blocages qui entravent la libre circulation du prana et nous empêchent de ressentir le courant de paix et de joie émanant du Soi.

Il est donc essentiel de ne pas retenir les larmes lorsqu’elles se manifestent. Toute répression à ce niveau est nocive car elle maintient l’individu dans un espace intérieur froid et rigide à partir duquel il est impossible de ressentir la paix et encore moins l’amour. Tant que l’égo résiste aux larmes, le cœur étouffe et ne connaît pas de repos.

Le contrôle, un stress permanent

stressCette pression de l’égo pour garder le contrôle sur les différents paramètres qui gouvernent notre vie demande une énergie colossale et engendre un stress permanent qui agit en arrière plan et épuise l’organisme, en particulier les systèmes nerveux et endocrinien.

Ainsi lorsque par exemple le système parasympathique et les glandes surrénales ne jouent plus correctement leur rôle de régulation du stress, l’individu peut se sentir aspiré dans une spirale descendante de laquelle il est difficile de s’extraire sans faire appel à une aide extérieure pour rétablir l’équilibre physiologique, énergétique puis psychologique.

Il est donc primordial d’être à l’écoute des signaux que nous envoie notre corps, notamment à travers nos états, et de l’accompagner dans ses processus homéostatiques de régulation du milieu interne, lesquels s’appliquent non seulement au niveau physiologique mais également aux niveaux énergétique, émotionnel, mental et spirituel.

Les signes avants coureurs

Voici quelques signes typiques qui indiquent que l’on s’approche d’un noeud et qu’il est important de se détendre :

  • La pratique devient difficile et ne produit plus les effets escomptés
  • On a du mal à se lever le matin
  • On est fatigué et tout est effort
  • On se fait mal, on se blesse
  • Notre seuil de tolérance au stress est bas
  • On est facilement irritable
  • On ressent de la colère mais on la retient
  • Sensation d’oppression dans la poitrine, gorge serrée, maux de tête
  • Le monde est perçu comme hostile…

Adapter sa pratique

Lorsqu’on sent une certaine rigidité s’installer en nous, il est important d’adapter sa sadhana pour rendre l’intérieur plus doux, plus souple afin de laisser la nature accomplir son oeuvre régulatrice.

Voici quelques pratiques qui permettent d’accompagner ces phases délicates de dissolution de noeuds intérieurs :

  • Respiration très lente et très douce (pas Ujayi)
  • Asana type « Restorative », avec étirements lents dans un état d’abandon, accompagnés d’une respiration douce et profonde
  • Relaxation profonde avec auto-suggestion, Yoga Nidra
  • Chanter des mantras, Kirtan
  • Méditation contemplative dans le coeur
  • Prière
  • Ecriture
  • Laisser sortir l’émotion : crier dans un coussin, taper dans un sac de boxe…
  • S’autoriser à pleurer, à être en colère…
  • Servir autrui, ne pas se cristalliser sur l’état mais faire circuler l’énergie en se mettant au service de sa famille, sa communauté

A éviter ou réduire temporairement lorsqu’on se sent devenir dur dedans :

  • Pranayama fort type Bhastrika, pranayama à hautes doses
  • Pratique forte d’asana type Ashtanga qui demande beaucoup de volonté et peut tendre à renforcer la dureté
  • Toute méditation ou pratique utilisée comme moyen d’échapper à l’état de malaise. Par exemple, la méditation Vipassana, basée sur l’observation détachée des sensations, si elle est mal comprise, peut très bien être utilisée pour s’entraîner à ne pas sentir la souffrance intérieure. La nuance est très subtile. Ainsi, toute pratique, aussi bénéfique soit-elle en temps normal, peut nous empêcher de sentir notre « vrai » état du moment. Le discernement est essentiel à ce niveau.

Conclusion

La sadhana yoguique produit des effets qui affectent les profondeurs de notre être. Il est naturel que certains sédiments, certains blocages remontent à la surface pour y être dissous et évacués. Ce mécanisme de dissolution des noeuds internes se manifeste généralement par des états émotionnels difficiles et une certaine résistance au processus en cours. Il est donc essentiel d’accompagner les différents corps (physique, énergétique, émotionnel et mental) dans leur effort pour harmoniser le milieu interne. Cela se fait en adoptant une pratique plus douce et en laissant les émotions et l’énergie circuler librement à l’intérieur, sans les réprimer.

 

 

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